Référendum en Alsace : le localisme contre les régions fortes

Publié le par UDB-Saint-Herblain Loire Erdre

Alsace 1L'échec du référendum sur l'unité administrative de l'Alsace est certes décevant, mais il vient après les échecs, jadis ou naguère, de consultations sur les institutions régionales dans les Antilles ou en Corse, pour ne pas perler de l'échec-père de 1969 infligé au général de Gaulle, qui traitait dans une même consultation d'une certaine forme de régionalisation et de la réforme du Sénat. Déjà, le timide pas vers les régions heurtait les baronnies "républicaines".

L'Alsace avait beaucoup d'atouts pour réussir la fusion de ses institutions départementales et régionale, à commencer par son unité déjà réalisée dans le cadre régional, comme la Corse, atout que n'ont pas en revanche la Bretagne et la Normandie..

Certes aussi, la faible participation est l'aspect le plus inquiétant de cet échec, mais c'est peut-être aussi le plus porteur de signification.

Les électeurs se dérangent quand ils sont immédiatement conscients d'un enjeu fort : l'élection présidentielle, les municipales, les législatives générales les font bouger, les cantonales beaucoup moins, une élection législative partielle généralement très peu.
L'enjeu lui-même joue d'ailleurs moins que la conscience qu'en a l'électeur : l'enjeu de la gouvernance d'un département est tout sauf négligeable, mais la "cantonalisation" du scrutin le fait disparaître aux yeux de beaucoup et laisse une large place aux déterminants locaux. Les compte rendu de débat de conseil général sont au demeurant souvent d'un style journalistique assez peu propice à susciter un vif intérêt.

Dans ces conditions, les enjeux perçus sont extérieurs au sujet : l'actualité économique et sociale, l'avenir des collectivités existantes ou des personnalités en vue, qui ont une place à défendre. Le risque l'emporte sur la chance à saisir. Les localismes sur les synergies.

Alors le sort de Colmar, de Mulhouse ou de Strasbourg prend plus d'importance que celui de l'Alsace pour la minorité qui va voter.

La Bretagne est loin d'être à l'abri d'un semblable désaveu. Un discours sommaire sur la fracture est-ouest n'y a-t-il pas remplacé en quelques années le désir ardent de mettre fin à la frontière administrative séparant - notamment - Rennes de Nantes ? La conscience des contradictions majeures entre centre et périphérie n'a-t-elle pas été en grande partie dissoute par l'opposition indistincte à une "métropolisation" polysémique. Quoi de commun en effet entre la puissance d'une "métropole" parisienne de plus en plus installée au coeur de toute les régions et les interférences éventuelles de Nantes - à quatre heures ou plus de train ! - sur l'avenir du Finistère ? Un souci commun de resserrer les liens en valorisant leur commune transversale serait assurément une attitude plus féconde. L'exacerbation de la perception de concurrences entre villes (ou départements, ou aéroports...) par le cloisonnement de l'information régionale ne facilite pas non plus les analyses qui permettent d'éclairer les pistes de dépassement.

A qui profite cette pulvérisation de la conscience régionale ? Un colloque Bretagne - Alsace pourrait peut-être aider à répondre à cette question !   

Publié dans Centralisation

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