"Made in Germany" : il faut lire Guillaume Duval !

Publié le par UDB-Saint-Herblain Loire Erdre

Durand-GermanyRédacteur en chef du mensuel Alternatives Économiques, Guillaume Duval est l'invité du Peuple breton de mai, à l'occasion de la sortie de son livre Made in Germany.

Précipitez-vous sur la page 2 du PB, pour y lire l'éloge de la décentralisation comme une des clefs majeures de la solidité économique allemande, et sans plus attendre, procurez-vous cet ouvrage décapant, d'une grande lisibilité et, pour tout dire, agréable à lire.

Dès les première pages, vous aurez compris que l'explication de cette solidité économique de leur pays est attribuée bien à tort à la capacité collective des Allemands à accepter et mettre en oeuvre des politiques dites d'austérité, telle que celle conduite au début des années 2000 par le chancelier Gerhard Schröder.

C'est bien plutôt à leur capacité collective d'organisation décentralisée, beaucoup plus ancienne - et déclinée dans l'ensemble de la société - qu'ils doivent d'avoir évité la fragilité que donne à la France sa centralisation elle aussi déclinée à travers toute la société, et qui affecte jusqu'à la gouvernance des entreprises et des syndicats.

Je ne ferai qu'une réserve à propos la fort pertinente histoire comparée des institutions allemandes et françaises et de leurs effets. Comme je le pressentais à la lecture du PB, en faisant - très justement - remonter à des siècles la centralisation française, Guillaume Duval me semble sous-estimer le catastrophique virage français du XIXème siècle avant lequiel, malgré un Paris déjà grand, la France comptait autant de grandes villes que l'Allemagne, et des capacités bancaires locales tout à fait respectables. DUVAL Guillaume modifié-1La départementalisation n'a pas cassé que les provinces d'Ancien Régime, elle a cassé les "mécaniques régionales" qui commençaient à constituer des structures capitalistiques comparables à celles qui ont se sont développées à Francfort, Munich, comme à Turin, Milan, Barcelone, trois de ces villes étant en 1800 moins peuplées que Nantes ! Et la centralisation ferroviaire a achevé le travail : elle a créé les conditions du transfert massif en Île-de-France des moyens humains, économiques et financiers qui manquent aujourd'hui sur 98 % du territoire français. Elle a même très probablement prolongé et accentué les effets d'une "transition démographique" soulignée par Guillaume Duval comme plus précoce qu'ailleurs.

Mais cela ne ne retire pas l'immense intérêt de l'analyse qu'il nous propose : elle est tout à fait convaincante  et remet bien des pendules à l'heure !

Notons d'ailleurs que le champ couvert par l'étude déborde largement du domaine strictement économique, dont Guillaume Duval décrit avec finesse les rapports avec les inégalités hommes-femmes, la formation et la scolarité et la question démographique, par exemple,

MF.

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Made in Germany, le modèle allemand au-delà ces mythes - Éditions Le Seuil, 230 pages, 17 €.

Publié dans Centralisation

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