Les deux plus grandes dates de l'Histoire de France ?

Publié le par UDB-Saint-Herblain Loire Erdre

En cette période d'examens, donnons-nous le plaisir d'oublier Alésia, le baptème de Clovis, le couronnement de Charlemagne, la prise de la Bastille, le 18 brumaire, le 11 novembre 1918, etc.

A en juger par la façon dont vivent nos voisins, l'impact à long terme de ces événements sur notre propre manière de vivre a sans doute été très surestimé.

Deux événements d'apparence plus modeste ont en revanche considérablement changé le cours des choses pour la France contemporaine :

     . à la fin de l'année 1789, les décrets créant les départements,

     . le 11 juin 1842, la loi décidant que le réseau ferroviaire français serait organisé en étoile autour de Paris, ce que les premières amorces de ligne ne laissaient pas prévoir. 

Notre actualité est toujours lourdement tributaire de ces choix.

La mise en place des départements n'a pas été seulement l'apparition de limites nouvelles sur les cartes. Elle a signifié moins qu'on ne le croit la fin d'un ordre social révolu, lequel a survécu dans les campagnes et les conseils généraux jusqu'au deuxième tiers du XXème siècle. Non, dans la vie quotidienne, la départementalisation a d'abord signifié la disparition d'administrations provinciales parfois solides et modernes - comme en Bretagne celle des Ponts-et-Chaussées - dirigées au niveau régional par des intendants ou gouverneurs souvent de haute qualité, parfois hommes des Lumières, qui demeuraient en place douze, quinze, dix-huit ans, comme Viarmes, Le Bret ou d'Aiguillon. La départementalisation a fait obstacle en France à l'émergence des grandes capitales régionales qui donnent à l'Europe d'aujourd'hui le visage que nous lui connaissons. Elle les a rétrogradées au rang de chefs-lieux sans vision ni moyens régionaux. Elle les a empêché de faire rempart à la dépopulation de vastes zones rurales. Avant la départementalisation, la population de Nantes était au niveau de celle de Turin, un peu plus élevée que celle de Munich, deux fois plus que celle de Francfort, pas très loin de celle de Barcelone. Qui nous en a parlé ? Et qui dès lors peut comprendre que la départementalisation s'est faite contre les villes "de province"les grandes en première ligne, mais en seconde toutes les autres, privées de flux économiques et sociaux précieux. Elle a fourni à la centralisation son cadre idéal de développement : au lieu de deux ou trois douzaines d'intendants, nous avons eu droit en deux siècles à trois cents préfets (trois tous les dix ans pour chaque département) .

 

Neuf villes d'Europe 1800 2000

 

La loi du 11 juin 1842 a fourni avec le train centralisé l'outil "industriel" qui a spectaculairement accéléré le cours et les effets de cette centralisation. En moins de vingt ans, Paris et l'Île-de-France sont devenues le monstrueux aspirateur d'activités, d'emplois, de population et de richesses que nous connaissons, et auquel chacun veut depuis cent cinquante ans être mieux relié, poussant ainsi à accélérer et renforcer un processus qu'il serait au contraire salutaire et urgent d'inverser !

Dans les années qui suivent la loi de 1842, la population de la région parisienne suit une très rapide courbe ascendante jusqu'à nos jours (voir sur le graphique l'exemple de la courbe d'Aubervilliers, la plus haute et la plus ascendante après 1850). La population des ex-grandes villes antérieures de province suit au contraire une courbe beaucoup plus plate (voir la courbe de Nantes, la plus basse), contrairement à celle des autres villes européennes citées plus haut. La centralisation a bridé le réseau urbain français à tous les niveaux : l'exode rural n'a pu se déverser qu'au centre du réseau, contrairement à ce qui s'est passé ailleurs.

La départementalisation et la loi sur le chemin de fer centralisé sont ainsi à l'origine des déséquilibres majeurs du territoire français, dont les conséquences économiques, démographiques, sociales, écologiques, patrimoniales et autres sont impressionnantes, mais échappent curieusement à toute réflexion sérieuse.

La départementalisation s'est faite contre les villes "de province",

 

Publié dans Centralisation

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