Émigration bretonne : un phénomène masqué par l'allongement simultané de la durée de la vie.

Publié le par UDB-Saint-Herblain Loire Erdre

  Gouesnou Courbe pop wikipedia 4 copieEn matière d'émigration, Gouesnou présente au moins deux particularités visibles sur ce graphique de population.

Celle qui m'intéresse ici concerne la longueur de la période de stabilité apparente qui précède habituellement le déclin accéléré du nombre d'habitants. Cette période, que j'ai appelée ici plateau du déclin, s'étend en effet sur un siècle, des années 1830 aux années 1930.

La seconde caractéristique, c'est en effet que ce déclin s'est interrompu quelques années seulement après avoir commencé à devenir visible, en raison de l'insertion rapide de la commune dans la dynamique propre de l'agglomération brestoise après la deuxième guerre mondiale, ce qui n'est pas mon sujet ici.

La longueur de ce que j'ai nommé plateau du déclin me posait en effet déjà un peu question pour Plésidy et quelques autres communes. Mais ici,  un siècle, ça faisait vraiment beaucoup de temps entre le début d'une émigration notable (croissance de la population neutralisée dès 1835) et l'entrée dans une période beaucoup plus récente où la natalité résiduelle ne compense plus les ultimes départs et les décès. Il aurait fallu une belle santé à notre population vieillissante pour continuer pendant quatre générations à engendrer des émigrants tout en gardant assez d'enfants pour faire face à la mortalité...

En fait, la réponse était dans la question : la belle santé, en l'occurrence, c'est tout simplement l'allongement de la durée de la vie, qu'on n'oublie sans doute pas, mais qui n'est pas souvent identifiée comme un facteur essentiel de l'apparente stabilité de notre population rurale entre 1840 et 1940. Or, même si le Finistère n'est pas en flèche sur le sujet, Gouesnou a évidemment eu sa part dans l'augmentation d'une vingtaine d'années de l'espérance de vie en France pendant le siècle considéré.

Son exemple montre qu'en retardant l'âge des décès, l'allongement de la durée de la vie a contribué à accroître le nombre des habitants à un moment donné : en partie avec des jeunes, grâce au recul de la mortalité infantile (surtout au XXème siècle) et pendant tout le siècle considéré avec les plus âgés. Mais il a en même temps rendu moins immédiatement perceptible le vieillissement de la population et camouflé l'ampleur de l'émigration et de ses conséquences démographiques. 

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Publié dans Territoires

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