Le coût des navettes Bretagne - Paris mine l'argumentation financière hostile au transfert de l'aéroport

Publié le par UDB-Saint-Herblain Loire Erdre

Affiche bleue navettes plus chèresAvec une constance méritoire, l'attention des opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été appelée dans ces pages sur une grosse faiblesse de leur argumentation financière : elle n'aborde jamais le coût du système existant de transport aérien.
On ne parle jamais des navettes aériennes et ferroviaires qui relient la Bretagne - principalement - aux aéroports parisiens. Comme si, faisant partie du paysage, elles n'avaient aucun coût et n'avaient d'autre avenir possible que de perdurer.

Or on peut, empiriquement, évaluer le coût d'une navette aérienne "moyenne" entre Brest, Nantes, Rennes, Lorient ou Quimper et Roissy ou Orly. Dans la réalité, ces navettes se font avec des avions de 20 à 140 sièges et durent d'un peu moins à un peu plus d'une heure. Et en 2011 on en a compté 20 490 qui ont transporté 1 321 000 personnes à Paris, soit un emport moyen de 64 personnes. Le coût d'un transport de Bretagne à Roissy en TGV de ces 64 personnes le 17 janvier ne serait pas inférieur à 50 € x 64 = 3 200 €. Le voyage aérien Nantes - Roissy pour ces mêmes 64 personnes à la même date, à plein tarif et en classe économique, leur coûterait au total 299,14 € x 64 = 19 145 €. D'autres approches par les coûts sont possibles. On sait aussi que la correspondance entre prix de revient et prix de vente peut être élastique. Mais ces précautions de langage ne permettent en aucun cas de prétendre que le coût unitaire de la navette aérienne pourrait être inférieur à 4 500 € !

Or, en retenant provisoirement ce chiffre, amendable à l'avenir, on arrive à un coût total des navettes 2011 de :
4 500 € x 20 490 = 92,2 millions d'€, qui représente donc un minimum.

Et, en six ans, à supposer que le nombre de navettes n'augmente pas, cela donne un coût de :

92,3 M€ x 6 = 553,2 M€, qui se trouve être à peu de choses près le prix du marché de construction de l'aéroport !

J'entends bien que les opposants trouvent ce prix outrageusement sous-estimé, que l'ouverture de Notre-Dame ne supprimera pas toutes les navettes, que les voyages aériens pour Paris existent encore1, etc. On peut en discuter, mais rappelons que ces 553,2 M€ sont un minimum sans doute assez éloigné de la réalité, et qu'ils sont atteints en seulement six ans.

Je n'aurai pas la cruauté d'ajouter (in caude venenum) que si, dans un élan de passion écologiste, il venait au Gouvernement l'idée de taxer au prix fort le kérosène des courts-courriers, le poids de ces observations en serait renforcé d'autant...

Cela signifie que centrer de manière privilégiée la critique financière de Notre-Dame-des-Landes sur le coût de l'équipement (pharaonique, etc)  son utilité ("ne sert à rien") et son inactualité ("dépassé") est une énorme et triple erreur.
La question centrale du transport aérien aujourd'hui n'est pas le coût de l'équipement, bien qu'il ne soit pas négligeable, mais celui des parcours d'appoint que sont les navettes. Même si toutes ne sont pas en option, c'est le cas de celles qui se remplissent vers les destinations les plus fréquentées.
D'un point de vue aussi bien économique qu'écologique, il est donc urgent de favoriser leur réduction et leur remplacement par des vols directs, même si ces vols sont - ce sera le cas - moins fréquents qu'à Roissy ou Orly. Et même si cela ne plaît pas à Air France, à ceux de ses pilotes qui sont en quête d'heures de vol, à Aéroports de Paris ou à leurs alliés objectifs locaux.

L'opportunité d'ouvrir de nouvelles transversales ne se réouvrira pas de sitôt.

 

(1) : notamment au départ du Finistère.

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A titre d'annexe, on peut préciser que le transport par TGV vers Roissy ou Orly de 500 000 Bretons ou voisins a aussi un coût annuel qui n'est pas inférieur à 50 € * 500 000 = 25 M€, soit au minimum 150 M€ en six ans. Au nom de quoi nos usagers seraient-ils condamnés à être "roulés" ou "volés" par Paris quand, pour une dépense moins importante, ils pourraient financer leur transport direct et alléger ou annuler les charges résiduelles pour les collectivités.
Une suggestion : en vendant 10 € de plus à chaque passager de Notre-Dame-des-Landes une bière Coreff "Ya d'an Aerborzh !", l'aéroport serait aussi payé en moins de 20 ans...  C'est dire l'ampleur "pharaonique" des risques pris par nos collectivités !

Publié dans Transports

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